Anouk Maugein et Lorraine de Sagazan sont les prochaines commissaires du Pavillon français « Pays et Régions ». Ce duo d’artistes a été choisi à l’unanimité des membres du jury qui réunit ARTCENA, la Direction générale de la création artistique du ministère de la Culture, l’Institut français et l’Institut français de Prague.
Artistes indépendantes, Anouk MAUGEIN, scénographe, et Lorraine de SAGAZAN, metteuse en scène, collaborent depuis 2018 sur des créations théâtrales. Elles se sont également illustrées dans la conception de performances et d'expositions, notamment Babel lors de la 19e Biennale d'architecture de Venise et une installation plastique activée par des performances Monte di pietà présentée en 2024 lors de la Biennale d'art contemporain de Lyon.

Anouk Maugein
Diplômée de l’école Camondo à Paris en 2016, Anouk Maugein conçoit des espaces scéniques, des installations et des environnements. Pensés comme des architectures vivantes, ses dispositifs scénographiques ont en commun une forte charge symbolique et dramaturgique. Elle attache une importance particulière au matériau, à son expression et à la façon dont ce dernier détermine la forme et génère du mouvement.
En 2016 elle collabore au sein de l’atelier Maciej Fiszer sur les opéras Pygmalion et L’Amour et Psyché mis en scène par Robyn Orlin et créés à l’Opéra de Dijon. En 2018 et 2019, elle scénographie différentes expositions au Musée de Cluny à Paris et assiste Marc Lainé sur plusieurs projets de théâtre et d’opéra. Depuis 2020 elle collabore avec plusieurs metteurs et metteuses en scène et signe les scénographies entre autres de Jeanne Lazar, Frédéric Sonntag, Garance Bonotto, Agathe Charnet, Emilie Lacoste et Lena Paugam. En 2023 elle crée avec Lorraine de Sagazan l’installation Monte di pietà, à la Villa Medicis à Rome. L’installation est ensuite présentée en 2024 à la Collection Lambert en collaboration avec le Festival d’Avignon et enfin à la 17ème Biennale de Lyon.
En 2024 elle conçoit également les scénographies des deux spectacles de Lorraine de Sagazan: Le silence créé à la Comédie Française et Léviathan présenté au festival d’Avignon puis à l’Odéon Berthier. En parallèle elle collabore avec le designer textile Clément Rosenberg sur plusieurs projets et crée avec lui la scénographie du spectacle Nous étions la forêt mis en scène par Agathe Charnet. En 2025 elle conçoit deux nouvelles installations en collaboration avec Lorraine de Sagazan: Nature morte, à la Ferme du Buisson dans le cadre de l’exposition collective Tactical Specters ainsi que Babel présentée dans le cadre de la Biennale d’architecture à Venise. En 2026, elle signera la scénographie du spectacle Chiens, créé au théâtre des Bouffes du Nord à Paris, ainsi que celle de l’opéra Orphée et Eurydice, créé à l’Opéra de Nantes, mis en scène par Lorraine de Sagazan.
Lorraine de Sagazan
Après avoir étudié la philosophie et suivi une formation d’actrice, Lorraine de Sagazan se tourne vers la mise en scène en 2015. Elle se forme à Berlin en faisant des stages auprès de Thomas Ostermeier ou Romeo Castellucci.
Son premier spectacle est une adaptation de Démons de Lars Norén. Elle ouvre ainsi ce qui se distingue dans son parcours comme un premier cycle consacré à l’adaptation de textes du répertoire classique ou contemporain, à la manière dont « la fiction d’une œuvre se confronte au réel ». Le second volet de ce cycle est l’adaptation d’Une maison de poupée de Henrik Ibsen, accentuant la recherche de ce qui, aujourd’hui, réactive le choc des chefs-d’œuvre du passé. Elle clôt son premier cycle en 2019 par L’Absence de père, d’après Platonov d’Anton Tchekhov, pour Les Nuits de Fourvière et la MC93, dont elle cosigne l’adaptation avec l’auteur et dramaturge Guillaume Poix. Intégrant franchement le vécu des acteurs, cette pièce amorce la recherche qui singularise un second cycle de création tourné vers la collecte de témoignages et la manière dont, cette fois, la fiction répond au réel. Guillaume Poix cosigne l’écriture des pièces suivantes. Elle déploie sa compagnie La Brèche sur l’ensemble du territoire et se tourne vers l’international. Celle qui interroge le regard des spectateurs décide de rencontrer ceux qui ne voient pas et convie sur scène un acteur amateur non voyant dans La Vie invisible, spectacle présenté au Théâtre de la Ville en janvier 2022. Prise dans les bouleversements provoqués par la pandémie depuis mars 2020, elle abandonne le projet de monter Le Décalogue de Krzysztof Kieślowski pour « radicaliser » le précédent geste en allant rencontrer et interroger, au sujet de la réparation, autant de personnes que de jours gâchés par la crise sanitaire et politique. Le travail d’écriture approfondit l’expérience d’une « métathéâtralité » qui pointait dès les premières recherches ; Un Sacre est créé en 2021.
C’est à Rome que Lorraine de Sagazan, pensionnaire de la Villa Médicis pour un an à compter de septembre 2022, mène ses recherches dans la continuité d’une écriture immersive. Elle souhaite observer les béances du réel et tenter d’y répondre par l’élaboration de contre-espaces. Léviathan, investigation critique du système judiciaire contemporain, sera créé en juillet 2024 au Festival d’Avignon et présenté à l’Odéon - Théâtre de l’Europe en mai 2025.
En janvier 2024, elle crée Le Silence, autour de l’œuvre d’Antonioni, à la Comédie-Française – Vieux-Colombier. À l’Académie de France à Rome, elle opère un déplacement vers une dimension plus plastique et commence l’élaboration, avec Anouk Maugein, d’installations et de performances, dont Monte di Pietà, présentée à la Collection Lambert et à la Biennale de Lyon en 2024, Nature Morte pour le centre d’art de la Ferme du Buisson, La Défense pour le MAC VAL, et Babel, dans le cadre du Parlement des Invisibles, collectif d’artistes internationaux, présenté à Venise en mai 2025 dans le cadre de la Biennale d’architecture.
La saison prochaine, Lorraine est l’artiste choisie par le Festival d’Automne pour créer un spectacle avec les jeunes talents de l’ADAMI, et elle travaille avec Anouk Maugein à la création de Chiens, pour janvier 2026 aux Bouffes du Nord, à partir des Cantates de Bach et d’une affaire judiciaire d’ampleur, communément nommée « le procès du porno ».